Le bonneteau de la vie
Je regarde ta photo, Nanan !
Elle est là, tout près de mes livres
Les deux que j’ai déjà publiés
Et celui que je m’apprête à écrire
Pendant que toi tu me regardes.
Je regarde, ta photo Nanan !
Et je vois toute ta tristesse
Ton fils Claver est mort hier
Et tu l’as su bien avant moi :
Il souffrait depuis trop longtemps !
Je regarde ta photo, Nanan !
Et je vois le bonneteau de la vie :
Celui qui ne respecte aucun ordre
Dès que les dés sont jetés, c’est pipé :
Il n’y a aucune mise à ramasser.
Je regarde ta photo, Nanan !
Clément est parti en premier :
C’était pourtant le numéro deux.
Ensuite, il y a eu ta fille Anne :
Le numéro trois est devenu le deux.
Je regarde ta photo, Nanan !
Le jeu de bonneteau se poursuit.
C’est à présent le tour de ma mère,
Ta Véronique chérie, ton aînée :
Le numéro un est devenu le trois.
Je regarde ta photo, Nanan !
Et je vois toute ta tristesse
Ton fils Claver est mort hier
Le jeu de bonneteau se poursuit :
Le numéro cinq est devenu le quatre.
Je regarde ta photo, Nanan !
Et je pense à ces deux femmes
Ces deux sœurs qui sont mes tantes
Eugénie est le numéro quatre
Édith, ta petite, est le numéro six.
Et le jeu de bonneteau se poursuit,
Jusqu’à ce que nos morts s’ensuivent.
Plaisir, 2 février 2020
(in » Poèmes du Pays Noir « )
P.S. : Je croyais avoir définitivement perdu ce poème lorsque j’ai transféré, en avril 2024, mon site web « feliho.fr » de One.Com (Copenhague) chez OVH (Roubaix), sans avoir eu la prudence de sauvegarder l’intégralité de mes écrits. C’est en feuilletant mon troisième outrage, « L’Outre-océan de nos hiers » dédié à ma grand-mère maternelle et publié en 2020, que j’ai eu la bonne surprise de découvrir que je l’y avais inséré. Pour en revenir au jeu de bonneteau, ma tante Edith, la dernière de la fratrie de feue ma mère, est morte le 18 mai 2020. La dernière à décéder fut ma tante Eugénie, le 26 février 2021. Le numéro 6 est devenu le numéro 5 et le numéro 4 est devenu le numéro 6. Fin de l’histoire !
Plaisir, 7 décembre 2024