De la double nationalité

 

 

 

Je n’ai aucune accointance avec le Rassemblement National mais, comme certains de ses responsables, je suis résolument contre la double nationalité (sans parler des nationalités multiples).

Pourquoi ? Parce que, comme pour une femme, je considère que l’on ne peut pas aimer deux pays à la fois.

Je suis arrivé en France le 9 novembre 1974 avec un passeport dahoméen et obtenu une carte de séjour à ce titre.
Le 30 novembre 1975, le Dahomey est devenu le Bénin. Je n’ai pas sollicité de documents béninois et n’en ai jamais sollicités après être devenu Français, par déclaration, en avril 1976.

Je suis resté 22 ans sans retourner en Afrique et, exception faite de ma mission de coopération de quatre ans en Centrafrique (2004-2008), les quatre fois où j’y suis revenu ont été motivées par le besoin de revoir ma mère à Dakar (seul en 1996 ; puis en 2011 et 2013 avec Soad et, toujours avec Soad, en 2016 pour ses funérailles). Depuis le décès de celle qui m’a donné la vie, le cordon ombilical avec le continent noir est définitivement coupé. Jusqu’à ma propre mort, je ne compte plus y remettre les pieds.

Une question que je pose malicieusement à Soad dont le petit-fils Karim, né à Los Angeles le 15 décembre 1993, est citoyen américain, français (par sa mère, grand-mère et arrière-grand-mère maternelles) et soudanais par son père et sa mère : en cas de conflit armé1 entre l’un ou l’autre de ces États, vers lequel irait sa loyauté ?

Toujours sur cette question de la loyauté à l’égard d’un pays, je fais souvent référence au cas de Carlos Ghosn qui est Français, Brésilien et Libanais et qui a préféré se réfugier dans le pays d’origine de son père, le Liban, à la suite de ses démêlés judiciaires au Japon alors qu’il était le patron tout-puissant de Renault-Nissan. Cherchez l’erreur…


1. En parlant de conflit armé, le Soudan connaît une guerre civile depuis plus de seize mois. Cette guerre a déjà causé des milliers de morts et provoqué l’exode de plus de deux millions de Soudanais vers les pays voisins (Égypte, Tchad) et même l’étranger (Grande-Bretagne, États-Unis, Pays-Bas). Mais qui s’en soucie ? L’actualité ne nous parle que de l’Ukraine ou de Gaza. Entre les deux, choisis ton camp, camarade !