Le 06 32 33 89 87 ne répond plus ?
Cette semaine, je suis allé voir à l’UGC Cité Les Halles, un de mes cinémas parisiens favoris à cause de sa facilité d’accès et ses multiples salles, « Another happy day », la nouvelle comédie américaine de Sam Levinson avec Cameron Diaz et Demi Moore dans les rôles principaux. Des retrouvailles autour d’un mariage qui font surgir les difficultés de vivre dans ce que l’on appelle communément aujourd’hui les familles « recomposées ». Un moment-pic du film est celui où les deux protagonistes féminines se disputent le droit de conduire le marié à l’autel, l’une en qualité de mère biologique, l’autre pour avoir veillé sur lui pendant toute son enfance en tant que seconde épouse du père.
J’ai vécu en direct un psychodrame similaire lorsque Soad et moi sommes allés, il y a déjà quelques années, dans le Maryland à l’occasion du mariage de mon jeune frère Jocelyn. Le rehearsal – cette traditionnelle répétition d’avant-mariage tant prisée par les Américains – n’avait pas prévu qui de la mère naturelle de la fiancée et de sa belle-mère devait trôner à la table d’honneur en compagnie des jeunes époux et de Monsieur Père par deux fois marié. Il y eut donc quelques minutes de flottement lorsque tous les convives se retrouvèrent dans l’immense salle de réception à l’issue de la cérémonie religieuse. Les murmures et les supputations allaient bon train parmi les invités lorsque, avec beaucoup de dignité et de courage, la vraie mère prit la décision de céder sa place. L’incident était clos, mais on avait eu chaud !
C’est à tout cela que je repensais en sortant de la salle n°4 lorsque j’ai réalisé que je venais d’oublier mon téléphone portable sur le siège voisin du mien où j’avais hâtivement déposé mes affaires dans la pénombre, au début de la séance. Le temps de revenir sur mes pas, le Nokia 6700 Classic qui me rendait, depuis deux ans, de bons et loyaux services avait disparu. Une requête formulée auprès de l’employé préposé au contrôle de la salle n’ayant rien produit, j’ai dû me convaincre, la mort dans l’âme, que je ne reverrai plus jamais mon appareil ; et j’ai procédé à la suspension de la ligne auprès de l’opérateur Orange une fois rentré chez moi.
Le lendemain, j’ai néanmoins réussi à obtenir une copie de ma carte SIM et, pour me consoler, je me suis offert un nouveau joujou, l’Iphone 4S, qui me paraît pourtant, à première vue, d’une redoutable complexité. Il m’a fallu ensuite me rendre au commissariat de police de Plaisir pour déposer une plainte en bonne et due forme pour vol. Mon portable n’était pas assuré ; mais c’était le seul moyen pour obtenir de l’opérateur qu’il rende le téléphone définitivement inutilisable en bloquant le fameux numéro de série IMEI qui figure sur toutes les factures d’achat… à condition que l’on ait pris le soin de les conserver.
Je ne dirai donc pas, à la manière de Brassens, « Voleur, que mon bien te profite ! », et le 06 32 33 89 87, même s’il est souvent éteint pour cause de retraite, n’est pas près de mourir.
Plaisir, le 5 février 2012