Véronique Féliho ou l’histoire d’une fidélité

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          Je voudrais vous parler en quelques mots de ma mère, de notre mère, Véronique FELIHO, décédée le 27 novembre 2016 dans sa 86èmeannée. Véronique FELIHO, c’est l’histoire d’une fidélité.

            Véronique FELIHO, c’est d’abord la fidélité à un homme, ce Jean FELIHO qu’elle a connu dans leur Dahomey natal vers la fin des années 40 où elle achevait ses études secondaires. Elle le suivit à Douala, au Cameroun, et commença sa carrière dans l’enseignement en qualité de monitrice d’école primaire. Ce sera ensuite le Sénégal ;  le couple y débarqua avec ses cinq enfants, en septembre 1960, quelques mois seulement après l’indépendance.  En dépit des aléas de la vie et de la disparition de Jean FELIHO en 1987, notre mère restera toujours fidèle à la mémoire de cet homme dont la photo trône encore dans le petit salon de sa villa des HLM 1.

            Véronique FELIHO, c’est ensuite la fidélité à une famille, ces dix enfants dont la moitié a été engendrée à Dakar. Patiemment et vaillamment, elle aidera chacun d’eux à trouver son chemin dans la vie. A partir de 1972, à la suite du retour définitif de Jean FELIHO au Dahomey, la charge fut lourde à assumer pour elle seule. Notre mère ne baissa pas les bras pour autant ! C’est grâce à ses efforts financiers que Pulchérie, notre grande-sœur décédée en 2013, put partir pour la France en 1968 afin d’y effectuer une formation d’infirmière. Toujours encouragé par notre mère, je pris moi-même la route de l’Hexagone en 1974. Deux ans plus tard, c’était au tour de notre grande-sœur Edwige ici présente. Ces migrations successives, justifiées par le besoin de réussir coûte que coûte, expliquent pourquoi Véronique FELIHO a, en plus du Sénégal et de la France, une nombreuse descendance[1] répartie dans des pays aussi divers que les Etats-Unis, le Canada, le Danemark, la Suède ou encore le Japon.

            Véronique FELIHO, c’est enfin la fidélité à un pays, ce Sénégal où elle aura vécu plus de 55 années et où elle a choisi d’être enterrée. Je me revois encore lui posant cette question plus que délicate, véritablement la question de confiance. C’était en 2005, lorsqu’elle vint, pour la première fois, en visite à Bangui où ma femme et moi étions en poste à l’ambassade de France. Nous venions de fêter ensemble son 75ème anniversaire dans le restaurant Le Sati’s que les Banguissois connaissent bien. Quoiqu’un peu effrayée par l’idée de la mort, elle me répondit sans l’ombre d’une hésitation : « C’est au Sénégal que je veux être inhumée ; c’est dans ce pays que j’ai construit ma vie de femme et de mère ; c’est dans ce pays que vivent une partie de mes enfants et ce qu’il me reste d’amis ».

            Aujourd’hui qu’elle n’est plus, je puis vous confier que, à la fin de sa vie, Véronique FELIHO n’avait plus peur de la mort. Elle s’y était préparée et l’attendait même comme une délivrance à cause de ses souffrances physiques. La foi vibrante qui l’a toujours animée l’a constamment portée vers l’espérance en un monde meilleur. En plus de l’amour qu’elle a su manifester à l’égard de chacun de ses enfants, je veux ici solennellement témoigner que cette foi est le plus grand héritage qu’elle m’aura personnellement légué. Véronique FELIHO, ma maman, notre maman, repose enfin dans la paix du Seigneur.

                                                        Plaisir, 29 novembre 2016

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[1] A savoir : dix enfants, dont 9 encore vivants ; 28 petits-enfants et 11 arrière-petits-enfants.