Mes drôles de rencontres
Je crois n’avoir jamais eu le culte de la personnalité, ni pour moi ni, encore moins, pour autrui. Il y a, bien évidemment, un certain nombre de personnes pour lesquelles j’éprouve du respect, voire de l’admiration ; mais ces sentiments n’ont jamais confiné à l’idolâtrie. De manière inconsciente, j’ai dû faire irrévocablement mien ce dicton : « Aussi haut qu’un roi soit assis, il n’est jamais assis que sur son derrière ». J’essaie d’éviter tout ce qui est tapageur, que ce soit dans le luxe ou bien la fureur. Rejoignant en cela Georges Brassens, mon maître à penser, je préfère « vivre à l’écart de la place publique, serein, contemplatif, ténébreux, bucolique » ; tout comme lui, « refusant d’acquitter la rançon de la gloire, sur mon brin de laurier je m’endors comme un loir ». Une fois que j’ai émis cette réserve, je dois toutefois confesser que j’ai fait dans ma vie quelques drôles de rencontres qui n’ont pas fini de me marquer. Me livrant à un petit effort de mémoire, je vais essayer d’en respecter la chronologie.
En 1982, jeune officier en service sur le 1er arrondissement à Paris, je prépare en même temps ma thèse de doctorat de lettres, ce qui fait de moi un client assidu de la Bibliothèque Nationale sise encore rue de Richelieu. Après une matinée passée à y faire des recherches studieuses, je m’en vais à pied prendre mon service d’après-midi au commissariat central de la Place du Marché Saint-Honoré lorsque, à l’angle de l’avenue de l’Opéra et de la rue des Petits-Champs, je manque d’entrer en collision avec un homme de petite taille, tout de blanc vêtu, jusqu’à ses bottines en cuir, qui marche le nez en l’air et qui n’est autre que Klaus Kinski, l’homme de « Aguirre, la colère de Dieu » ou encore de « Fitzcarraldo », films où j’ai véritablement apprécié son jeu d’acteur. Dans un français approximatif, il s’excuse de m’avoir bousculé et moi, l’ayant reconnu, je reste sans voix et ne sais que lui répondre. Sans autre forme de procès, le touriste du jour, manifestement à la découverte des charmes de ce quartier parisien, continue son chemin. Qu’aurais-fait, qu’aurais-je dit si, au lieu du père, cela avait été la fille, la belle Nastassja Kinski, qui était venue ainsi, sans crier gare, se jeter dans mes bras ?
A peu près à la même époque, – j’habite alors à Créteil – je me trouve seul dans une voiture de première de la ligne 8, lorsqu’une dame, dans la cinquantaine, y monte à la station Bastille et va s’asseoir en face de moi, sur la banquette située de l’autre côté du couloir. Elle me salue d’un léger coup de tête et m’adresse un grand sourire. Cette dame est la comédienne Marthe Villalonga. A mon air surpris, elle réalise que je l’ai bien reconnue. Il est environ une heure et demie de l’après-midi. Nous gardons tous deux le silence. Chose étrange, ce silence n’est troublé par aucun autre voyageur jusqu’à ce qu’elle descende du train à la station Charenton-Ecoles, en me faisant un petit signe de la main en guise d’adieu. Le temps d’un trajet en métro, j’ai eu cette grande artiste pour moi seul et peu importe qu’elle ne m’ait pas parlé : la magie n’en a été que plus grande !
En 1988, après un grave accident de moto, je me rends à une visite de contrôle du médecin-chef de la Préfecture de Police qui a son bureau dans le 6ème arrondissement. Après être passé à ma compagnie située rue Chanoinesse pour y récupérer des documents administratifs, je traverse le parvis de Notre-Dame pour m’engager ensuite sur le Quai Saint Michel. Je me retrouve peu après dans une petite venelle qui sent la pisse et qui a pour nom la « Rue du Chat qui pêche ». Je souris en moi-même car, dans un de ses livres, « Les yeux plus gros que le ventre », que je viens tout juste de terminer, François Cavanna, l’humoriste fondateur de Charlie Hebdo, raconte comment il y a surpris, une nuit, une famille de touristes italiens qui essayait de dévisser la plaque en émail portant le nom de la rue. Le père faisait la courte échelle à l’un de ses gamins dans cette entreprise hasardeuse qui ne fut donc pas couronnée de succès du fait de l’intrusion de notre bonhomme. Et, alors que je revis mentalement la scène, ne voilà-t-il pas que je tombe nez à nez sur Cavanna, juste à l’angle de la rue Saint Séverin. Les bacchantes au vent, il marche d’un pas tranquille, vêtu d’un duffel-coat marron puisque c’est encore l’hiver. C’est comme si, rien que par la force de ma pensée, j’ai, à cet instant précis, le pouvoir de faire apparaître ce drôle de lutin que je reverrai au Salon du Livre de l’année 1998 où il présente son nouveau roman, « La déesse mère ». J’obtiens même de sa main une dédicace pour Soad après avoir fait patiemment la queue dans la foule nombreuse de ses admirateurs. Au stand d’en face, Alphonse Boudard, l’auteur du « Corbillard de Jules », s’ennuie ferme, tel un coiffeur qui attend le chaland sur le pas de sa porte. J’ai fait découvrir, de façon presque concomitante, ces deux auteurs à Soad ; ma compagne a de loin préféré Alphonse Boudard qui semble aujourd’hui ignoré du public. De la difficulté d’être et d’avoir été… En apprenant sa mort au début de l’année 2000, nous n’avons pu, l’un comme l’autre, nous empêcher d’avoir un serrement de cœur en revoyant son air désabusé au cours de ce salon, comme s’il tirait, une dernière fois, sa révérence.
En février 1996, alors que je me trouve dans la dernière ligne de mon séjour à Quito (Equateur) après quatre années passées au Venezuela, j’ai la joie de recevoir mes parents adoptifs, René et Régine Verny. René, professeur d’histoire-géographie à la retraite, est tout heureux de découvrir pour la première fois cette région des Andes dont il a parlé à ses élèves pendant plus de trente ans. Nous visitons ensemble, à une vingtaine de kilomètres au nord de Quito, le site de La Mitad del Mundo où passe la ligne équinoxiale. Alors que nous déambulons sur l’esplanade où trônent les bustes des différents savants qui ont fait partie de l’expédition scientifique de La Condamine, j’entends quelqu’un héler mon prénom. Je me retourne et je vois deux noirs, dont un en habit de clergyman. Je les identifie tout de suite :
– Celui qui m’a appelé et qui porte des lunettes foncées, c’est le Frère Théodore Diouf, que je n’ai plus revu depuis 1968, année où nous étions tous deux en 2nde C au Cours secondaire Sacré-Cœur de Dakar (Sénégal) ; il préparait son juvénat chez les frères canadiens de la même congrégation ; 28 années complètes se sont écoulées dans l’intervalle et là, au milieu de nulle part, précisément « dans le mitan du monde », le Frère Théodore me reconnaissait !
– Le second, un peu plus âgé, est Monseigneur Adrien Sarr que les Verny et moi avons connu, jeune vicaire, dans les années soixante, au sein de notre paroisse Sainte-Thérèse du Grand-Dakar. L’homme de Dieu a suivi son petit bonhomme de chemin et il est à présent l’évêque de Kaolack, la capitale de la région du Sine-Saloum.
Le Frère Théodore, quant à lui, est le directeur de l’enseignement privé catholique au Sénégal. En compagnie de Monseigneur Adrien Sarr, son supérieur hiérarchique, tous deux sont venus participer à une rencontre internationale organisée à Quito. La joie de nos retrouvailles après tant d’années, rehaussée par la présence des parents Verny, est si grande que je les invite illico à venir dîner à la maison dès le lendemain. Nous avons pu ainsi continuer à remémorer à loisir nos vieux souvenirs de cette époque qui correspond à mon enfance puis à mon adolescence. La photo que je mets en médaillon pour illustrer ce billet est la preuve tangible de ce temps fort. Je précise que Monseigneur Adrien Sarr est aujourd’hui l’archevêque de Dakar.
De retour en France, après mes six années passées à l’étranger, je décide de préparer le bloc OPJ de l’article 16 du code de procédure pénale qui va faire de moi un officier de police judiciaire de pleine compétence et augmenter mes chances au cas où je voudrais changer d’affectation. Je me plie à un premier module de formation organisé dans l’ancienne école des enquêteurs de police à Toulouse ; le second doit se dérouler à Nice, dans la même école où j’ai effectué, en 1980, ma formation initiale d’officier. Dans sa grande générosité, au lieu d’un simple voyage en train, l’administration a consenti à nous offrir, à mes collègues de stage et à moi-même, un billet d’avion au départ d’Orly. C’est ainsi que je me retrouve, en ce mois d’octobre 1998, dans un vol d’Air Inter à destination de Nice avec pour compagnon de voyage… Max Gallo. Pendant le vol qui dure une heure environ, nous devisons de façon tout à fait urbaine. Le grand écrivain m’interroge sur mes origines et semble réellement intéressé par mon parcours professionnel. A la fin du voyage, il me dit : « Comme vous venez d’un pays de soleil, je vais vous en dessiner un sur la page de garde du livre que vous étiez en train de lire avant notre sympathique conversation ». Et, joignant le geste à la parole, il s’exécute et accompagne l’astre lumineux de sa plus belle signature. Si je me décide un jour à mettre un peu d’ordre dans ma bibliothèque malmenée par mes nombreux déménagements, j’ai l’assurance que je remettrai la main sur ce document qui ferait la joie de certains collectionneurs, mais dont je n’accepterais de me défaire pour tout l’or du monde.
Une autre rencontre surprenante est celle d’avec Georges Moustaki. Nous sommes en 1999. Je travaille désormais à Nanterre, au bureau Amérique de mon Service de Coopération. Comme je parle couramment l’espagnol, je dois cornaquer pendant une semaine le directeur des prisons boliviennes venu en visite officielle en France. Nous déjeunons tous deux au Zimmer, Place du Châtelet et, en attendant notre rendez-vous du début d’après-midi à la direction des services pénitentiaires sise rue du Renard, dans le 4ème arrondissement, je propose à mon hôte une marche digestive dans l’Ile de la Cité, puis dans l’Ile Saint-Louis. Alors que nous empruntons le Pont Saint-Louis, je dis à mon visiteur que cette seconde île peut être considérée comme l’un des quartiers les plus sélects de Paris. Je lui explique que son charme particulier réside dans le fait qu’elle a gardé les caractères d’un village, avec ses artisans, ses petits bistrots, et que bon nombre d’artistes français et étrangers ont choisi d’y élire domicile en dépit du prix prohibitif du mètre carré. Je termine en lui confiant que j’ai vu récemment à la télé une émission où le chanteur Georges Moustaki développe tout le bonheur qu’il a de pouvoir vivre dans ce coin de paradis. J’ai à peine fini ma phrase que nous voyons Georges Moustaki himself sortir d’une galerie d’art qui se trouve au début de la rue Saint-Louis en l’Ile. Bien que médusé par la coïncidence, je n’hésite pas à aborder l’artiste. Je lui présente mon illustre visiteur qui lui confirme que nous étions justement en train de parler à son sujet avant qu’il ne surgisse devant nous. Nous discutons en espagnol sur le trottoir. Georges Moustaki me dit qu’il a eu l’occasion de chanter à Cotonou, au cours d’une tournée africaine. Je lui confie à mon tour que je l’ai vu sur scène au Théâtre Teresa Carreño de Caracas en 1992. Je ne lui avoue pas cependant que je me suis endormi pendant son concert, non par ennui, mais parce que j’étais tout simplement mort de fatigue ce soir-là. Des servitudes de la vie diplomatique…
A l’été 2000, Soad reçoit la visite de sa fille Wissal venue de Los Angeles avec son amie américaine Suzanne. Nous dînons dans un restaurant du quartier des Halles et nous remontons à pied la rue Saint-Denis en direction des Grands Boulevards. Arrivés à la Porte Saint-Denis, alors qu’il est minuit passée, je reconnais Laurent Voulzy qui se promène seul, les mains dans les poches, comme n’importe quel quidam. Je le salue par son nom et je lui présente mes ravissantes compagnes qui, n’ayant jamais entendu parler de lui, n’ont absolument aucune idée de l’artiste de talent qu’il est. Avec beaucoup de simplicité, il nous explique qu’il vit à deux pas et qu’il aime beaucoup ce quartier, précisément parce que c’est un quartier qui « vit », de jour comme de nuit. Le lendemain, je m’empresse de courir à la Fnac où j’achète un best-of du chanteur que j’offre à mes demoiselles yankees, dans l’espoir de dissiper un peu leur ignorance de la bonne chanson de variété française.
2001 : je repars en mission à l’étranger. Ce doit être pour Cuba ; après six mois de valse-hésitation entre le ministère de l’intérieur et celui des affaires étrangères, c’est finalement la Jamaïque. Soad ayant obtenu dans l’intervalle sa mutation pour La Havane, pendant quatorze mois, je vais être contraint de faire la navette entre ces deux îles voisines de la Caraïbe. Le lundi matin, je prends l’avion pour Kingston d’où je ne reviens que le vendredi soir. Plus de deux mille kilomètres de trajet aller-retour et douze heures de transport, de porte à porte, perdues chaque week-end pour retrouver ma belle. Et je ne parle pas du fait que j’aurais été, financièrement parlant, un bon client pour Air Jamaica Express en la période. J’ai cependant l’occasion de faire deux rencontres surprenantes au départ de l’aéroport de La Havane.
Alors que je fais docilement la queue en face du comptoir d’enregistrement d’Air Jamaica Express, le monsieur qui me précède et qui est manifestement Jamaïcain, a pour moi une tête de « déjà vu » ; il est tout habillé de cuir. Ne voulant pas passer pour mal élevé ou imbu de ma personne (entre cocktails et diverses invitations, mon métier d’attaché d’ambassade à Kingston m’amène à rencontrer pas mal de monde dont je ne me souviens pas toujours), je finis par lui avouer tout de go mon embarras en lui demandant d’éclairer ma lanterne. Et lui de me répondre, en partant d’une franche rigolade : « Et oui ! Je ressemble effectivement à quelqu’un que vous connaissez sûrement bien ; ne serait-ce pas Jimmy Cliff par hasard ? ». Il n’y a plus de doute : c’est bien lui, l’illustre roi du reggae, bien avant qu’il ne soit détrôné par Bob Marley ! Ne pouvant cacher à la fois ma surprise et mon admiration, je lui confie combien j’ai aimé, adolescent, la bande originale de son film « The harder they come », en particulier la chanson « Many rivers to cross » que j’écoutais en boucle avec mes cousins durant mes vacances de 1973 à Porto-Novo, au Bénin. Sans autre forme de procès, je me présente à mon tour ; et c’est là qu’il me déclare : « Vous aussi, vous avez dû en traverser des rivières pour arriver là où vous êtes aujourd’hui ». Dans la plus pure tradition anglo-saxonne, nous échangeons nos cartes de visite. Il me dit qu’il est venu à La Havane pour une série de concerts et qu’il n’a pas encore récupéré du week-end passé à faire la fête avec ses amis cubains. En effet, avant le départ de notre vol, lorsque nous nous retrouvons un peu plus tard dans la petite salle d’attente située au niveau de la piste, il roule en boule sa veste de cuir, s’allonge à même le carrelage et s’en sert d’oreiller pour piquer un petit somme. Un souvenir encore plus étrange que je garde de cette rencontre : aucun des Jamaïcains présents qui repartent comme nous à Kingston ne prête une attention particulière à sa personne. J’imagine un peu Johnny Halliday dans une situation analogue, à Orly ou à Roissy, totalement ignoré par ses anciens fans. En Jamaïque, le temps du reggae est, en effet, désormais bien révolu ; on ne bouge plus qu’au son du dance hall et les nouvelles vedettes ont pour noms Sean Paul, Elephant Man ou Buju Banton. Pour confirmer ce qui précède, malgré les trois années que je passerai dans la petite île, ma route n’a plus jamais croisé celle de Jimmy Cliff.
Toujours à l’aéroport de La Havane, avec au cœur la morosité de ces débuts de semaine qui m’éloignent de la femme de ma vie, j’aperçois, faisant les cent pas devant les boutiques de duty free et fumant un gros cigare, l’acteur et metteur en scène Jérôme Savary. Je ne suis pas trop surpris de le trouver là. Je sais que Soad vient de lui débrouiller une affaire de visa concernant un artiste cubain qu’il tient absolument à avoir dans son prochain spectacle et que, en remerciement, il lui a offert une superbe boîte de chocolats dont j’ai pu apprécier moi-même la qualité. Jérôme Savary, qui est marié à une Cubaine, est à La Havane un peu comme chez lui. Je l’aborde donc et je me présente à lui comme étant le compagnon de qui vous savez. Il me demande ce que je fais en cette heure matinale en pareil endroit. Je lui explique que c’est mon lot hebdomadaire du fait de ma situation professionnelle, triste résultat d’un micmac administratif. Il me répond que c’est totalement stupide et qu’il est navrant que Soad et moi en soyons les victimes. Il me dit qu’il connaît bien Jean Lévy, l’ambassadeur de France à La Havane, et qu’il compte bien lui toucher un mot à notre sujet dès qu’il sera de retour d’Argentine, pays où il est né et où il a conservé de nombreuses attaches. De mon côté, je lui déclare que j’ai bien aimé son spectacle « Y’a de la joie » bâti autour des chansons de Charles Trénet, spectacle que j’ai eu la chance de voir, précisément avec Soad, au Théâtre municipal d’Asnières, à sa sortie en 1997. Gérard Cazot, un collègue qui a fait un passage-éclair au Bureau Amérique, m’avait obtenu deux invitations pour la circonstance. Au seul nom de Cazot, le regard de Savary s’illumine et il me dit, la main sur le cœur : « Si vous êtes un ami du gros Cazot, vous êtes désormais le mien ! ». De ma conversation à bâtons rompus avec l’homme au cigare et à l’écharpe rouge, je ne puis dire quel aura été l’élément le plus déterminant. Le fait certain est que Soad a pu me rejoindre à Kingston quelques mois plus tard, avec le plein accord des deux ambassadeurs concernés, dès que le poste de consul s’est libéré. Là, ce fut à mon tour de chanter : « Y’a de la joie ! ».
Et, dix ans après cette dernière rencontre que je relate, je veux continuer à croire qu’il y aura, dans ma vie, toujours de la joie : c’est profondément ma nature !
KENAVO !
P.S. : Une dernière pour la route : en mai 2004, l’ambassadeur de France à Kingston, qui est compétent également pour les Bahamas, m’envoie le représenter à Nassau pour les cérémonies de commémoration du 30ème anniversaire de l’indépendance de ce petit pays. Il me charge aussi de prendre contact avec le directeur du Club Med à Nassau pour négocier l’hébergement, à titre gracieux, du Cécile Verny Quartet durant les deux concerts que le groupe doit donner dans la capitale à l’initiative de l’ambassade. Le chef du village, un Canadien d’origine haïtienne, m’invite à déjeuner à sa table où je retrouve… le basketteur Tony Parker et le boxeur Brahim Asloum, tous deux accompagnés de leurs amies respectives d’alors et en vacances pour une semaine au Club. Eva Longoria n’est donc pas encore dans la vie de Tony Parker. Alors qu’il vient tout juste d’avoir 22 ans, ce dernier me fait une grosse impression par le sérieux avec lequel il entend mener sa carrière internationale, sans céder aux chants des sirènes. Il me parle en particulier des Chinois qui lui offrent un pont d’or pour qu’il accepte d’aller jouer chez eux. La suite a bien prouvé qu’il a su éviter d’attraper la grosse tête, à la différence de bien d’autres sportifs français, en particulier dans le monde footballistique.