Poème pour une princesse nubienne

POEME POUR UNE PRINCESSE NUBIENNE

 

Je prononce ton nom SOAD et je pense au SOUDAN

Et me frappe en plein cœur le mot manquant : NU !

NU comme le soleil rouge sur les plaines de Nubie,

NU comme le Nil entrant à Méroé, la cité de mes morts

NU comme le grès des colonnes du temple de Soleb.

 

            Je prononce ton nom SOAD et je pense au SOUDAN

            Mais le mot qui me manque pourrait aussi être UN

            UN comme le long chemin qui m’a mené jusqu’à toi

            UN comme le solstice d’été qui illumine nos naissances

            UN comme ce demain possible que j’entrevois pour nous.

 

Et je t’imagine, princesse, en ce royaume puissant du Koush.

Tes bracelets d’or étincellent aux feux du soleil levant

Moi, je suis le porteur de tresses, l’esclave aux cheveux crépus

Humble ver luisant amoureux d’une étoile filante

Mais qui a donc écrit que c’en était fini des révolutions de palais ?

 

            Demain, je reprendrai ma rude et lente marche vers le sud

            Je franchirai la sixième cataracte pour enfin te retrouver

            Là-bas, à Khartoum, où s’épousent le Nil bleu et le Nil blanc

            Je te livrerai mes pensées transcrites dans mes hiéroglyphes

            Et point n’auras besoin de Champollion pour les décrypter.

 

Je prononce ton nom SOAD et je pense au SOUDAN.

      

                                                                   Nanterre, février 1997