LETTRE A CELUI QUI N’EST PLUS LE CURÉ DE MA PAROISSE
Cher Frédéric,
Lorsque j’ai annoncé le 1er janvier 1998, par une lettre du même type, à mes amis et autres connaissances que je me séparais de ma femme, voici ce que m’écrivaient Suzanne et Henri HANNETON, un couple d’octogénaires aujourd’hui sûrement disparus, qui était le pilier de ma paroisse de Blandy-les-Tours, en Seine-et-Marne :
« Blandy, ce 20 janvier 1998
Monsieur Féliho,
Nous vous remercions de vos bons voeux. Dois-je vous dire que nous sommes un peu amers de la destruction de votre foyer de Fouju. Nous ne sommes pas qualifiés pour nous permettre de juger, mais votre absence et votre situation apportent pour notre communauté paroissiale – qui ne va déjà pas trop bien – un contre-témoignage qui nous attriste beaucoup… La vie continue. Chacun fait ce qu’il peut pour qu’elle soit aussi harmonieuse que possible, tant pour soi que pour tous ceux et celles qui sont en relation avec vous dans la famille et dans les activités sociales, associatives et professionnelles. Nous vous souhaitons de conserver à votre existence un sens chaleureux, tel que nous vous connaissions. Que l’année 1998 fasse que vos ruptures s’opèrent non pas dans l’agressivité, mais dans la recherche d’une paix relative.
Bonne année quand même ! Que l’Esprit soit sur vous vous ! Nous vous assurons de notre cordialité.
H et S. Hanneton »
C’était donc il y aura bientôt quinze ans ; cette carte de voeux n’a jamais quitté les pages de mon missel. Les jours où je suis un peu désemparé, je la relis pour bien me pénétrer de l’impermanence de toute chose et pour continuer à aller de l’avant. Le poète roumain EMINESCU le disait bien : « Car la vie est un bienfait perdu quand on ne l’a pas vécue comme on l’aurait voulu ». Vous et moi croyons que cette vie est un don de Dieu. A mon tour donc de vous souhaiter « bonne chance » dans votre nouvelle vie.
Avec toute ma considération et mon amitié,
RF.
Plaisir, 20 novembre 2012