- Chers amis,
Vous, qui ne communiquez pas souvent, m’avez envoyé hier par e-mail la vidéo ci-dessous que j’ai trouvé fort drôle au point de la partager, dans la foulée, à mon tour.
Seulement, en y regardant de près, un peu comme pour les mentions écrites en petits caractères à la fin de certains contrats qu’on se doit de lire attentivement parce qu’ils vous lient souvent pour le pire, j’ai découvert que le document était griffé # bardella.
Lorsque j’ai cliqué sur le lien, voici ce que j’ai obtenu en détail :
59 k vues il y a 3 mois #bardella #démocratie #rn
Ce document provient donc de la communication dynamique que le jeune chef du Rassemblement National entretient, apparemment avec beaucoup de succès, sur les réseaux sociaux. Je trouve cette façon d’avancer masqué fort insidieuse.
Et c’est là que cela ne va plus du tout. D’où la présente mise au point que je publie sur mon site pour qu’il n’y ait aucune ambigüité à ce sujet.
Je suis contraint de constater que, au vu des scores engrangés aux dernières législatives qui ont fait passer, en seulement deux années, le parti de Marine Le Pen de 6 à 126 députés, la tendance qui se dessine de plus en plus est de le considérer comme un parti « normal », un parti appartenant au Front républicain, bref de le dédiaboliser. En ce qui me concerne, je hais tous les extrêmes, quels que soient leurs bords. Le peu que je connais de l’histoire politique de ces cent dernières années m’a appris que, une fois qu’ils détiennent toutes les clés du pouvoir, ces extrêmes ont tendance à se transformer en régimes d’oppression, n’hésitant pas à commettre à l’égard de leurs opposants des exactions qui peuvent être considérées comme des crimes contre l’humanité. Les exemples sont nombreux et se recensent sur tous les continents et dans de multiples pays. De mémoire, je ne citerai que l’Union soviétique de Lénine, Trotsky et Staline, l’Allemagne nazie d’Hitler, le gouvernement de Vichy en France, la Chine de Mao, le Cambodge de Pol Pot, l’Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, l’Argentine de Pinochet, ou encore le régime d’apartheid qui a longtemps sévi en Afrique du Sud. Je hais tous les extrêmes.
Cette franche détestation m’a conduit à rompre définitivementr avec trois bons amis, officiers de police à la retraite comme moi, lorsque j’ai découvert qu’ils étaient des sympathisants, voire des membres actifs, du Rassemblement National. Durant la campagne présidentielle de 2017, pensant la victoire de Marine Le Pen inéluctable face au jeune Emmanuel Macron, ils sont unanimement sortis du bois et ont affiché au grand jour leurs convictions politiques. Selon eux, l’avenir de la France résidait dans ce changement radical. C’est moi qui n’avais encore rien compris à la grande page d’histoire qui était en train de s’écrire. On connaît la suite.
Les lendemains qui s’annoncent peuvent toujours nous réserver de mauvaises surprises. Je sais simplement que, lorsque l’air en France deviendra pour moi irrespirable, je n’hésiterai pas aller voir ailleurs. N’ayant jamais été attaché aux choses matérielles, je considèrerai alors qu’il y va simplement de ma survie et de mon intégrité morale. Je n’oublie pas d’où je viens et ce qui m’a poussé à en partir. Je suis totalement en accord avec Denzel Washington lorsqu’il déclare ce qui suit :
Etroit le quotidien et si vaste le monde…
J’ai également toujours été impressionné par ces paroles du Pasteur Martin Niemöller1 :
Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit
Je n’étais pas communiste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit
Je n’étais pas social-démocrate.
Lorsqu’ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit
Je n’étais pas syndicaliste.
Lorsqu’ils sont venus chercher les catholiques, je n’ai rien dit
Je n’étais pas catholique.
Lorsqu’ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit
Je n’étais pas Juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester.
Alors, de grâce, que ce soit volontairement ou par erreur, plus de prosélytisme en faveur du RN : cela me conduirait à couper pour toujours les ponts avec vous au nom de ma liberté de penser.
Je ne me réclame personnellement d’aucun parti ni d’aucune chapelle. En prenant de l’âge, la devise qui me sied à ravir et que je m’applique désormais à mettre en oeuvre au quotidien est « Ni Dieu, ni maître ! »2 .
Plaisir, 28 septembre 2024
1. Président des Eglises réformées de Hesse-Wassau, il fut partisan de l’arrivée d’Hitler avant d’être résistant. Il fut déporté à Dachau de 1938 à 1945.
2. Devise anarchiste utilisée dès la fin du XIXème siècle. Elle exprime la volonté de l’individu de ne se soumettre à aucune autorité politique ou divine. Elle peut aussi simplement désigner le désir de quelqu’un de vivre sans aucune contrainte.