Toi, mon vase communicant
Si parfois tu me sens triste
Ne sois pas triste à ton tour
Car ma tristesse ne vient pas de toi
Car ma tristesse n’est pas contre toi.
Cette langueur qui envahit mon âme
Lorsque je m’y attends le moins
Je crois qu’elle vient de bien plus loin
Elle vient depuis les origines du monde
Depuis le temps où le fils de l’homme
A commencer par aimer la femme-femme.
Si parfois tu me vois préoccupé
Par tous ces soucis qui me rongent
Ne sois pas soucieuse à ton tour.
Ces soucis qui labourent mon crâne
Je ne les dois pas seulement qu’à toi :
Ils me viennent de la femme que je quitte
Ils me viennent des enfants que j’ai faits
Ce sont soucis d’homme responsable,
Graine d’Afrique jetée aux vents du monde
Naviguant entre négritude et francité.
Mais si tu me vois fou de bonheur
Sois heureuse avec moi : c’est ton droit !
Ce bonheur qui aujourd’hui m’inonde
Vient de la situation que je vis avec toi.
Certes, ce n’est pas situation confortable
C’est même souvent bien dérangeant
Mais c’est là que je suis moi-même
C’est dans ta réalité que je me reconnais.
N’aie donc pas peur : viens à ma fête !
Aime-moi et laisse-moi t’aimer… simplement.
Et si, tout d’un coup, tu me vois rire
Ris donc avec moi, de bon cœur, sans honte.
C’est le rire de l’enfant que je suis resté
C’est le rire de mon innocence préservée
Malgré les embûches, en dépit de mes chutes
C’est le rire de mon amour criant pour la vie
Ma folle vie que je t’invite à vite partager
Convaincu que nous aurons d’autres matins
Où la tristesse sera bannie de nos cités-soleils,
Où nos soucis auront changé de quartier de lune.
Je dis tout ceci à toi qui es un autre moi-même
Toi, ma moitié d’orange, mon vase communicant.
Nanterre, avril 1997