Tout le mal que j’ai de toi
Overijse ! C’était bien en Brabant,
Mais pour mon pauvre amour en proie aux souvenirs
C’est aujourd’hui contrée de rêves perdus.
Le fond de l’air de ce matin d’automne était frais
Et quasiment désert le grand hôtel de refuge.
Nous étions bien, nous, toi et moi, seuls,
Ignorés, amoureux, ô oui, tendrement amoureux.
Passé la frontière, la vie n’avait plus de limites ;
Tout semblait possible, tout était possible,
Et nous y croyions intimement, nous, toi et moi.
Overijse ! C’était la campagne de Belgique
Et même Waterloo devenait une grande victoire
Dans la nuit glacée où sonnait l’Angélus.
Souvenir de cette messe de samedi soir
Au milieu d’enfants cheveux couleur de blé ;
Souvenir du dîner feutré dans cette pizzeria ;
Souvenir encore de la petite salle de cinéma
Où l’on donnait « Chère Inconnue » – Ah ! rires !
Enfin le retour vers notre niche d’amour
Pour encore une nuit, la dernière nuit !
Overijse ! J’étais souverainement heureux
Parce que j’étais moi et que tu étais toi.
Et si aujourd’hui mon cri de détresse
Se perd entre Monts d’Estérel et Ligurie
C’est que je ne parviens pas à t’oublier.
Nice, 18 février 1981