A Samba N’Diadé
Samba N’Diadé, je te salue, toi mon frère,
Mon plus-que-frère, mon ami malentendant ;
Entends cependant ma voix car elle est celle
Du cœur, de mon grand cœur vert catholique
Qui ne t’oublie pas, qui ne peut t’oublier,
Malgré la distance, malgré le temps, malgré la vie.
Samba N’Diadé, je te connais ! C’était toi
Le fils du boutiquier toucouleur grand échalas,
C’était toi le petit cireur des cinémas noirs,
C’est toi aujourd’hui le tailleur-brodeur excellent.
Et je revois dans ta petite frimousse d’ébène
L’ivoire de tes dents se riant du soleil.
Samba N’Diadé, je te préviens ! Ce n’est pas
Que je fasse fi de la misère qui t’accable :
Il y a ici grands marabouts qui pourraient la guérir.
Mais la France est un bien drôle de pays, une lumière
Où les papillons de notre espèce se brûlent les ailes,
Et, tant qu’elles n’ont pas repoussé, pas moyen de repartir !
Samba N’Diadé, je te promets ! Je te fais
La même promesse qu’à mes autres frères de case :
Celle de te secourir dans un proche avenir !
En attendant, fais comme moi : aide-toi toi-même
Jusqu’au jour de la Grande Rencontre et reçois
En gage ces photos de moi pensant à toi.
Roubaix, 13 septembre 1977