Tous pourris ?

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Tous pourris ?

 

    L’affaire Cahuzac, qui a éclaté cette semaine, m’amène à la question suivante : Nos hommes politiques sont-ils tous pourris ?

   Le président François Hollande, qui nous promettait une République exemplaire, est servi : son ministre chargé de lutter précisément contre la fraude fiscale est celui qui se prend lamentablement les pieds dans le tapis. L’on en revient toujours à la Suisse et au paradis fiscaux, d’où une seconde question : Pourquoi les pays dits démocratiques, à commencer par le plus grand d’entre eux, les Etats-Unis, ne parviennent-ils pas à mettre fin aux agissements coupables de ces états qui gangrènent l’économie mondiale ?

   Il semble exister une collusion de fait, un accord tacite qui donne le sentiment que toutes les parties intéressées s’accommodent de cette situation délétère. Pour en revenir à l’Hexagone, c’est là que l’on se dit qu’il y a décidément quelque chose de pourri en ce royaume de France et que l’envie nous prend de jeter le bébé avec l’eau du bain. Pourtant, chacun de nous garde en mémoire la figure d’hommes politiques que l’Histoire a reconnus comme ayant été des personnes intègres dans leurs rapports avec le monde de la finance et des affaires ; je nommerai dans l’ordre Léon Blum, le Général de Gaulle et Michel Rocard. Dans une chronique entendue sur France Inter ce matin, on citait également Edouard Herriot. Président du Conseil à partir de 1924, il avait ordonné une enquête policière dans les bureaux d’une banque suisse sise à Paris, ce qui avait abouti à la saisie d’une liste édifiante de clients parmi lesquels figuraient, entre autres sommités, le propre archevêque de Paris. Cette initiative audacieuse provoquera sa chute et Herriot lui-même dénoncera « le Mur de l’argent ».

   Si le mur de Berlin s’est effondré le 9 novembre 1989, celui de l’argent est toujours là, plus résistant que jamais, et manifestement infranchissable pour les pauvres que nous sommes. Les affaires se suivent (diamants de Bokassa, emplois fictifs de la Ville de Paris, valises africaines, frégates d’Arabie Saoudite et sous-marins du Pakistan, Bernard Tapie, Liliane Bettencourt, etc), mais nos hommes politiques continuent de prospérer sur le lit de notre ingénuité.

   La solution ? Qu’ils s’en aillent tous… y compris Jean-Luc Mélenchon qui a écrit un livre éponyme (1) avant la dernière campagne présidentielle. Qu’ils s’en aillent tous… et que vienne aux affaires une nouvelle génération d’hommes et de femmes qui ne soient plus des politiciens de carrière. La politique pratiquée au long cours ne peut que corrompre ; on crée ses réseaux avec des affidés, des gens qui vous sont obligés et dont on s’attend raisonnablement à ce qu’ils sachent « renvoyer l’ascenseur » chaque fois que de besoin. Dans ces marchandages sordides, c’est le petit peuple qui est pris en otage, celui-là même à qui on demande de se serrer la ceinture pendant que les grands se gobergent.

   Dans l’affaire qui nous intéresse, foin des belles paroles et des vaines promesses ! François Hollande et l’ensemble de son gouvernement se grandiraient en remettant purement et simplement leurs mandats en jeu, car ils ont péché ou par incompétence… ou par complicité.

Plaisir, 7 avril 2013


(1) « Qu’ils s’en aillent tous ! Vite, la révolution citoyenne », aux éditions Flammarion (2010)