En souvenir d’Agnès Griffon
Agnès Griffon est morte hier soir, à la maison de retraite Saint-Yves de Pont-Croix, à deux pas de sa propre maison. Elle était née Ansquer, le 9 septembre 1916, et aurait donc eu bientôt 99 ans. Eu égard à son âge vénérable, on peut considérer qu’elle aura bien vécu.
Sa vie ne fut pas cependant de tout repos. Depuis son plus jeune âge, elle n’aura jamais cessé de travailler, accomplissant durant des années un métier d’homme qui était celui de la boucherie. Ceci impliquait non seulement l’abattage des bêtes, mais également les tournées de livraison qui la conduisaient dans les hameaux voisins du Cap Sizun. En 1964, elle a repris le petit café que ses tantes, deux demoiselles, avaient ouvert en 1911 au numéro 2 de la rue du Pennanguer devenue, après guerre, la rue des Partisans. J’habite aujourd’hui au numéro 13 de cette même rue, dans la maison qui reste pour les anciens du bourg celle de Jean Gargadennec, le manchot.
Agnès Griffon était donc ma voisine, mais surtout mon amie. Je la vois encore me racontant l’amour de sa vie, ce cousin qu’elle a fini par épouser, à quarante ans passés, et qui était également son parrain. Craignant les méfaits de la consanguinité, la maman d’Agnès n’a jamais voulu entendre parler de ce mariage. Les deux amoureux devront attendre sa mort pour pouvoir convoler en justes noces et c’est pour cette raison qu’ils n’eurent jamais d’enfants.
Agnès Griffon nous a quittés. Je sais que, sans elle, le Pennanguer, ce « bout du village » qui a toujours été son quartier, ne sera plus jamais comme avant.
Kenavo, Agnès !
Pont-Croix, le 23 août 2015